Madame Ex a encore frappé : sentant que Puce lui avait échapée, elle a décidé que leur méchant père n'aurait pas Zig.

Moi, mauvaise langue ? Pour une fois, non : Zig tient un langage et des arguments qu'on a pas à son âge, des mots qui ne peuvent venir que de la bouche d'un adulte -mal intentionné, l'adulte. Sans compter la semaine entière où sa mère a refusé de lui adresser la parole.
Peu après la procédure de demande de garde enclanchée, nous avons un jour eu Puce au téléphone. Que fait Zig ? Avons nous demandé. Zig était en train de pleurer dans les bras de sa mère pour lui demander pardon, voilà ce que Zig faisait.
Le week end d'après, le dialogue était difficile avec mon si tendre, si câlin beau-fils. Dur au coeur tendre. Mon préféré dans la fratrie (puisque je ne les ai pas portés, ce n'est pas impensable d'avouer ça, hein ?) changeait de sujet et se tortillait, visiblement plus que gêné.

Pour faire simple, il y a eu une autre audience et finalement, seule Puce ira vivre chez son père. C'est le juge qui a tranché, et pour une fois, je reconnais son utilité : Zig avait besoin qu'on soulève le poids du choix de ses épaules. Qu'on choisisse à sa place. Parce que je ne pense pas qu'il ait dit clairement oui ou non à la personne chargée de l'interroger mais plutôt les deux.

Je ne peux pas croire qu'il ne meure pas d'envie de connaître la vie auprès de son père. Seulement, tiraillé entre deux envies, entre deux amours, il a décidé de ne pas choisir, ou peut être de choisir le plus fort des deux, celui qui est capable de faire la gueule à son enfant parce qu'il émet le souhait de vivre chez son père.
Ou alors je me plante complètement et Zig avait été surtout motivé par l'envie de suivre sa soeur, et au fond la décision du juge le soulage. J'aimerais que ce soit le cas mais le comportement de madame Ex me fait douter.

J'espère maintenant qu'il sera assez bien entouré et assez fort pour vivre cette vie là.
Je ne sais pas du tout de quoi l'avenir sera fait concernant la drôle de famille recomposée que nous formons.
 

Les congés du mois d'août se réduisent à une semaine pour Monsieur Charmant, semaine qui sera utilisée pour emmener la Progéniture en vacances. Les esprits les plus fins calculeront qu'il reste donc trois semaines à combler. Là on appelle au secours les grands parents, qui proposent d'eux mêmes de les accueillir pour deux semaines. On réduit à une semaine, pendant laquelle ce sera au centre aéré de prendre le relais.
Sauf que les grands parents se défilent au dernier moment et que le budget pour le centre aéré ne peut pas dépasser une semaine. A nouveau, les bons en calculs mental me diront qu'on retombe donc à deux semaines. Et à qui on pense pour veiller sur sa progéniture ? Sur celle qui a un été peu rempli (je cherche du travail en ce moment) : la belle doche.

Une belle doche normale serait probablement ravie mais moi pas.

Le caractère difficile de la Progéniture + l'absence de voiture et un compte en banque liliputien + mon moral plus bas que terre = deux semaines qui risquent d'être fort amusantes. Suivie par une semaine de vacances. Donc trois.
Je ne supporterai pas leurs colères et rester quatorze jours enfermée entre quatre murs à séparer deux terreurs qui se battent pour la télécommande risque de me rendre folle. Donc depuis ce matin, je fais des listes d'activités en extérieur ou en intérieur, mais surtout en extérieur, abordables par une belle doche fauchée et non motorisée.
Et plus je fais aussi celle d'arguments pour réduire les quatorze jours à sept.

Je sais que je ne gèrerai pas autant de temps. Quelques jours, ok. Si j'avais un peu une autorité sur eux, ok. Mais pas dans ces cas là, non.

Pourquoi j'accepte alors ? Parce que sinon, c'est bye-bye les vacances avec Papa ; parce que ce Papa, je l'aime ; parce que cette Progéniture, à défaut d'en être raide dingue, je l'aime bien et j'ai de la compassion et conscience de mon rôle d'adulte qui doit veiller sur leur bien être et donc leurs vacances.
Encore une fois, je culpabilise de ne pas m'en faire une joie.
Heureusement, je me plains ici.
 

Maintenant, il appelle nos vacances "Notre week end en amoureux". C'est en opposition aux vraies vacances, celles qui seront en famille, c'est ça ?!

Je suis jalouse, je culpabilise d'être jalouse, je culpabilise de culpabiliser. J'peux bien le dire ici mais à quoi ça servirait de lui expliquer ? Il ne comprendrait pas.

Mais d'un autre côté, j'ai mis de côté pour Puce un tas de fringues que je ne porte plus et je réfléchis à un ptit cadeau pour Zig. Le week end dernier, j'ai passé deux bonnes heures à ranger amoureusement leur chambre. Pour qu'ils se sentent bien, pour qu'ils aient leurs armoires déjà un peu remplies le jour de leur arrivée définitive, celle qui ne sera plus suivie d'un trajet retour (du moins Puce, car elle sera finalement seule à venir vivre chez Monsieur Charmant).
Je me prends à les chouchouter tout en crevant lentement de jalousie et d'angoisse.
La vie de belle mère, du moins celle que je vis, est une longue suite de sentiments emmellés et contradictoires.

A cause de cette dispute, je n'avais plus envie d'écrire ces derniers jours, et plus envie d'y penser non plus. Sujet trop sensible. 

Mais ce soir, j'ai envie de raconter une petite anecdote.

Les parents de mes beaux-enfants ont des notions très très larges de ce qu'ils peuvent ou non regarder à la télé. Il n'est pas rare que l'un des deux me confie "Dis donc, j'ai vu tel film chez Maman, j'ai eu super peur" ou que je mette leur père en garde "Heu ... tu ne devrais pas leur montrer ça, tu sais".
Puce a donc appris à apprécier certaines émissions dont une fillette ne devrait même pas avoir entendu parler un jour. Un week end, elle aimerait regarder l'enregistrement de l'une d'elle. Monsieur Charmant étant occupé ailleurs, je me permets de lui demander de choisir autre chose, expliquant que je sais qu'elle le regarde chez elle, mais que je pense que ça n'est pas de son âge. Elle argumente : "Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça ... Maman veut bien, Papa veut bien, Mamie veut bien, Papy veut bien ..."
J'ai opposé un "... et moi je ne veux pas, alors tu ne regarderas pas ça en ma présence".
Elle a immédiatement abandonné la partie, a reposé la télécommande et est allée tranquillement se choisir un dvd sur l'étagère, sans bouder, ni même afficher une mine déçue. Et on a regardé un dessin animé toutes les deux.

ça m'a fait tout drôle qu'elle me mette dans la même liste que Papa et Maman, c'est à dire de ceux qui ont une autorité sur elle. Et qu'il lui paraisse tout à fait normal que je puisse lui interdire (enfin, ce n'est pas le mot, plutôt lui demander de ne pas) faire certaines choses. Je m'attendais plutôt à une prise à parti du genre "Papaaaaa, hein que je peux regardeeeeeeer çaaaaaaa ?" mais non ...

J'ai été contente d'elle, contente de moi et contente de la relation que nous avons. Elle me fait confiance.
Monsieur Charmant ne veut pas parler de l'éducation de Ses enfants avec moi, mais les enfants en question y accordent du crédit. ça fait du bien.



Et depuis, je veux un Stitch à la maison !