Durant celui ci, j'ai été confrontée à l'Ex. L'Ex ! Le personnage empêcheur de tourner en rond de tout bon blog sur les familles recomposées.
J'ai entendu parler d'elle tout de suite, bien avant les premiers baisers avec mon amoureux. Elle était son plus grand amour (et j'emploie le passé, haha !) ou du moins le plus long, le plus "engagé" ; elle a été sa plus grande peine de coeur (et ça, j'entends qu'elle garde la place), donc forcément, ne pas connaitre les détails de l'histoire aurait été manquer une énorme partie de sa vie d'avant moi, et passer à côté d'une aussi grande partie de son caractère, de la façon dont il s'est formé. Pas qu'il y ait eu une seule minute la moindre comparaison entre nous ; je n'y suis pour rien dans leur séparation, je ne les ai jamais connu ensemble. Il était irrémédiablement guéri d'elle quand il est tombé malade de moi.
J'étais curieuse, mais sans plus. Elle était le personnage de l'histoire dont on entend tout le temps parler mais qu'on ne voit jamais.
Ensuite, quand j'ai commencé à fréquenter les enfants, j'ai bien dû être confrontée à elle. Confrontée, c'est vite dit ; nos regards ne se sont en fait jamais croisés ; je suis transparente, je n'existe pas, elle répond à mes saluts mais sans jamais me regarder et distraitement. Je me demande même si elle sait à quoi je ressemble physiquement. Elle n'est pas indifférente à moi. Si elle l'était, elle me regarderait, elle me traiterait de façon neutre, mais humaine, pas robotique. Pourquoi me déteste elle ? On ne se connait pas. On a jamais échangé autre chose que "bonjour" et "aurevoir". Je m'occupe de la chair de sa chair unweekendsurdeuxlamoitiédesvacances. A sa place, je crois que j'aimerais savoir à qui je la confie, même juste par curiosité. Elle, non.
Et pourtant j'étais pleine de bonne volonté. Sa froideur est telle que je ne suis jamais allée vers elle de peur de me figer pour toujours, mais j'aurais volontiers accepté un café, discuter un peu, apprendre à se connaitre, ou ne serait-ce qu'une poignée de main les yeux dans les yeux pour accompagner le bonjour. On ne serait peut être pas devenues comme cul et chemise, mais on aurait eu un échange civilisé.
Et puis bah, tant pis, au fond.
Bon, me suis je dit, peut être n'a t elle pas envie de plus, tout simplement ... du moins c'est ce que j'ai cru pendant les première années.
Car ensuite, il y a eu les demandes de Zig et Puce de vivre avec leur père et les témoignages remis au juge. Et là je m'en prends plein la figure. On se demande même d'où ça tombe. Plus de doute, c'est de la haine gratuite ; mais pourquoi ?! Elle ne me connait pas ! Elle doit avoir quelques menus détails sur moi que lui rapportent ses enfants, genre mon âge, si je suis forte au Monopoly ou si je préfère Ron à Hermione. Mais c'est tout.
Mettons nous à sa place quelques instants pour mieux comprendre, les amis.
Après réflexion, j'en suis venue à la conclusion suivante : dans la tête de Madame Ex, je ne suis qu'une extension. Puisque le père est détestable (j'imagine qu'il y a une raison à toute cette rancoeur mais je n'en ai jamais saisi toutes les subtilités), la nana assise à côté de lui dans la voiture quand il vient chercher les chers petits l'est forcément aussi. Une erreur, un être déstestable qu'il faut bien supporter mais qu'on aimerait pouvoir effacer pour croire en paix à la Génération Spontanée.
Aucune importance si l'Extension concocte de bon petits plats sains et savoureux, passe des heures à se faire coiffer ou à receuillir des confidences au creux de son oreille attentive. Et est aimée.
Pour quelle autre raison me détesterait elle ? Je ne suis pour rien dans la séparation, je l'ai dit, et je traite ses enfants du mieux que je peux.
Il me semble bien qu'à sa place, si mes enfants passaient du temps avec une autre, j'aurais plutôt envie de l'aimer, de me dire qu'ils sont bien avec elle, qu'elle prend soin d'eux, pour le bien être de ces derniers mais aussi pour le mien, pour avoir le coeur en paix pendant ces heures loin d'eux. J'aurais envie d'y croire, après avoir vérifié.
Elle, non. Je suis dans le camp adverse donc je suis une ennemie.
Je pactise avec le monstre qui ose venir chercher de temps en temps les enfants qu'il a conçu avec elle pour les passer un peu de temps en leur compagnie.
Je patauge dans le marais des méchants, dans la fange des injustes, je hurle avec les loups aux dents jaunes, j'ai l'âme salie et mes doigts crochus s'aggrippent à sa robe de soie blanche pour arracher de ses bras, unweekendsurdeuxlamoititédesvacances, la chair des ses entrailles, et les emporter dans la tânière du monstre.