bellemere-passibelle

Journal nuancé d'une belle mère

Lundi 14 juin 2010 à 19:02

Les week ends avec Zig et Puce ne se suivent pas et ne se ressemblent pas non plus.

Durant celui ci, j'ai été confrontée à l'Ex. L'Ex ! Le personnage empêcheur de tourner en rond de tout bon blog sur les familles recomposées.

J'ai entendu parler d'elle tout de suite, bien avant les premiers baisers avec mon amoureux. Elle était son plus grand amour (et j'emploie le passé, haha !) ou du moins le plus long, le plus "engagé" ; elle a été sa plus grande peine de coeur (et ça, j'entends qu'elle garde la place), donc forcément, ne pas connaitre les détails de l'histoire aurait été manquer une énorme partie de sa vie d'avant moi, et passer à côté d'une aussi grande partie de son caractère, de la façon dont il s'est formé. Pas qu'il y ait eu une seule minute la moindre comparaison entre nous ; je n'y suis pour rien dans leur séparation, je ne les ai jamais connu ensemble. Il était irrémédiablement guéri d'elle quand il est tombé malade de moi.
J'étais curieuse, mais sans plus. Elle était le personnage de l'histoire dont on entend tout le temps parler mais qu'on ne voit jamais.

Ensuite, quand j'ai commencé à fréquenter les enfants, j'ai bien dû être confrontée à elle. Confrontée, c'est vite dit ; nos regards ne se sont en fait jamais croisés ; je suis transparente, je n'existe pas, elle répond à mes saluts mais sans jamais me regarder et distraitement. Je me demande même si elle sait à quoi je ressemble physiquement. Elle n'est pas indifférente à moi. Si elle l'était, elle me regarderait, elle me traiterait de façon neutre, mais humaine, pas robotique. Pourquoi me déteste elle ? On ne se connait pas. On a jamais échangé autre chose que "bonjour" et "aurevoir". Je m'occupe de la chair de sa chair unweekendsurdeuxlamoitiédesvacances. A sa place, je crois que j'aimerais savoir à qui je la confie, même juste par curiosité. Elle, non.
Et pourtant j'étais pleine de bonne volonté. Sa froideur est telle que je ne suis jamais allée vers elle de peur de me figer pour toujours, mais j'aurais volontiers accepté un café, discuter un peu, apprendre à se connaitre, ou ne serait-ce qu'une poignée de main les yeux dans les yeux pour accompagner le bonjour. On ne serait peut être pas devenues comme cul et chemise, mais on aurait eu un échange civilisé.
Et puis bah, tant pis, au fond.
Bon, me suis je dit, peut être n'a t elle pas envie de plus, tout simplement ... du moins c'est ce que j'ai cru pendant les première années.

Car ensuite, il y a eu les demandes de Zig et Puce de vivre avec leur père et les témoignages remis au juge. Et là je m'en prends plein la figure. On se demande même d'où ça tombe. Plus de doute, c'est de la haine gratuite ; mais pourquoi ?! Elle ne me connait pas ! Elle doit avoir quelques menus détails sur moi que lui rapportent ses enfants, genre mon âge, si je suis forte au Monopoly ou si je préfère Ron à Hermione. Mais c'est tout.

Mettons nous à sa place quelques instants pour mieux comprendre, les amis.
Après réflexion, j'en suis venue à la conclusion suivante : dans la tête de Madame Ex, je ne suis qu'une extension. Puisque le père est détestable (j'imagine qu'il y a une raison à toute cette rancoeur mais je n'en ai jamais saisi toutes les subtilités), la nana assise à côté de lui dans la voiture quand il vient chercher les chers petits l'est forcément aussi. Une erreur, un être déstestable qu'il faut bien supporter mais qu'on aimerait pouvoir effacer pour croire en paix à la Génération Spontanée.
Aucune importance si l'Extension concocte de bon petits plats sains et savoureux, passe des heures à se faire coiffer ou à receuillir des confidences au creux de son oreille attentive. Et est aimée.
Pour quelle autre raison me détesterait elle ? Je ne suis pour rien dans la séparation, je l'ai dit, et je traite ses enfants du mieux que je peux.
Il me semble bien qu'à sa place, si mes enfants passaient du temps avec une autre, j'aurais plutôt envie de l'aimer, de me dire qu'ils sont bien avec elle, qu'elle prend soin d'eux, pour le bien être de ces derniers mais aussi pour le mien, pour avoir le coeur en paix pendant ces heures loin d'eux. J'aurais envie d'y croire, après avoir vérifié. 
Elle, non. Je suis dans le camp adverse donc je suis une ennemie.
Je pactise avec le monstre qui ose venir chercher de temps en temps les enfants qu'il a conçu avec elle pour les passer un peu de temps en leur compagnie.
Je patauge dans le marais des méchants, dans la fange des injustes, je hurle avec les loups aux dents jaunes, j'ai l'âme salie et mes doigts crochus s'aggrippent à sa robe de soie blanche pour arracher de ses bras, unweekendsurdeuxlamoititédesvacances, la chair des ses entrailles, et les emporter dans la tânière du monstre.

Samedi 12 juin 2010 à 2:15

Petit questionnaire trouvé sur un forum consacré aux familles recomposées.

Les membres de la famille sont…

Zig et Puce, autour d'une dizaine d'années.
Mon amoureux, la trentaine.
Moi, un peu moins.
Madame Ex, un peu plus.
Monsieur Nouveau Mec de l'Ex, âge indeterminé.

Qu’est-ce que tu trouves le plus difficile dans le rôle de belle-mère?

Subir l'éducation donnée par d'autres parents que soi. Ne pas avoir de vraie incidence dans le mental d'enfants avec qui, pourtant, tu vis. Être cantonnée dans le "joue et tais toi".

Qu’est-ce que tu trouves le plus beau dans le rôle belle-mère?

L'amour partagé, bien sûr. On peut se sentir obligé d'aimer ses beaux-enfants, mais je ne crois pas qu'on se sente obligé d'aimer sa belle mère, peut être même au contraire. Autrement dit, tu es aimée pour toi, pour ce que tu es, c'est pur, c'est dénué d'interêt. 

Qu’est-ce que vous trouvez le plus beau dans votre vie de couple avec un papa?

Houlà. Heu. Réflexion intense ... je dirais, vivre dans un appartement décoré de dessins et de photos. Pardon mais c'est vraiment le seul truc que j'aie trouvé. Pour le reste, j'ai une superbe vie de couple avec mon copain, mais pas parce qu'il est papa.

Avez-vous une anecdote pour… faire sourire/faire rire/attendrir/bitcher contre l’ex (OK, pas bitcher contre l’ex.)

De temps en temps, Zig prend une moue songeuse et me dit qu'il y a un problème dans Blanche Neige, parce que la belle mère est méchante et que moi je suis gentille. Je l'ai pas inventé, c'est vraiment vrai. ^^

Quelles sont deux des qualités essentielles qu’une fille devrait avoir pour se lancer dans la vie avec un homme qui a des enfants?

- Aimer la famille, les enfants, l'engagement.
- Être partageuse, généreuse, ouverte.

Dans quoi t’évades-tu pour avoir un peu de répit?

Dans la chambre à coucher, en compagnie d'un bouquin, et je n'hésite pas à faire croire que je dors ...

Et si c’était à refaire?

Je réfléchirais davantage. Là, je me suis lancée là dedans parce que j'aimais leur père, en pensant naïvement qu'on verrait plus tard.
Et je pense que je ferais une thérapie avant. Pour mieux me comprendre. La thérapie, je l'ai commencée il y a peu pour d'autres raisons et c'est trop tard.

Avez-vous des rêves d’avenir?

On avait. Et puis l'arrivée à plein temps des deux petits chamboule tout. Là, dans l'état des choses, je ne suis pas en mesure de vivre avec eux. Alors pour emménager avec mon copain, on va attendre.
Sinon, à court terme, on part deux semaines ensemble cet été. Enfin, si je me suis pas défilée d'ici là, bien sûr ...

Samedi 12 juin 2010 à 1:43

Cher blog, on ne se connait pas encore bien, mais je t'adore, tu sais. Quelle bonne idée que j'aie eue là de jouer les Frakestein en te créant, écrire ici me soulage à un point inimaginable. ^^

Parfois je repense à notre première rencontre.
Pas celle entre le géniteur et moi, non, celle entre les procréations et moi.
Puce m'a aimée tout de suite ; avec Zig ça a été plus long. Plus solide, aussi.
Je n'ai jamais été vraiment en accord avec l'éducation qu'on leur donne, mais au début je n'avais pas compris que leur comportement venait de leur éducation, je mettais ça sur le compte de la perte des repères, du stress, du changement ... j'étais patiente et plutôt contente encore de les connaître, touchée par les élans d'affection, intéressée par les petites activités qu'on faisait.
Et puis le temps a passé et les crises de nerfs, les cris, les assiettes flanquées par terre, le refus de la frustration, sont restés. Et puis tous les ptits éléments d'éducation avec lesquels je suis en désaccord complet ... alors les sentiments négatifs sont montés jusqu'à prendre le dessus. Je les aime toujours bien, mais c'est plus dur de les voir, d'être en leur présence, de s'occuper d'eux. Entre nous, rien n'a changé, je ne veux pas que ça se voie, que ça se sache.
Je crois que c'est ça le plus dur quand on est une belle mère ou un beau père, du moins pour moi qui n'ai pas accès à cette partie là : devoir subir l'éducation des parents.

Vendredi 11 juin 2010 à 14:42

En ce moment, je dors trop et mal. Donc le réveil est difficile. Et quand tu reçois dès que tu ouvres les yeux un texto contenant des nouvelles de la future-et-peut-être arrivée des petits chez mon jules/leur père, tu as envie de replonger sous la couette directo -enfin, sous le drap, vu la chaleur du jour.

Zig et Puce (j'ai toujours trouvé que ce ptit surnom leur allait bien ; Zig le petit turbulent câlin, Puce la tendre minaudeuse) ont donc décidé, suite à un gros conflit avec la famille recomposée de leur mère, d'aller vivre chez leur père, et il a enclanché le processus illico, un peu inquiet de ne pas savoir comment gérer, mais content au fond.
L'échéance approche et les ennuis s'accumulent.
Les audiences, les avocats, les témoignages à faire, les mensonges d'un côté ou de l'autre, les horreurs plus ou moins vraies qu'on se balance à la figure, la paperasse, le suspens. Difficile de croire qu'il faut faire tout ça juste pour que deux enfants viennent poser leurs valises chez le parent qu'ils ont choisi.
Et en ce moment, on a des nouvelles chaque jour. Madame Ex a dit ça sur toi ... Monsieur Nouveau Mec de l'Ex a dit ça sur moi ... c'est épuisant.

Et puis moi, je suis là, au milieu : jeune fille à deux facettes, comme un peu tout le monde.

- Si je vois les choses à travers de l'amour que j'ai pour mon chéri et de l'affection que j'ai pour Zig et Puce : je croise les doigts à m'en faire mal pour un OUI du juge. Ils sont malheureux chez leur mère ; on ne laisse pas des enfants dans un environnement qui ne leur convient pas. J'ai moi même témoigné dans ce sens, détails à l'appui, un argumentaire précis et rigoureux.
Leur père, a, de plus, bien le droit de partager quelques années de la vie de ses enfants, va t on continuer à les éloigner juste parce que dans le couple, il est l'homme ? C'est un bon père, pas toujours parfait, mais qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il a.
Et puis je n'imagine même pas le désespoir de celui ci si il écope d'un non. Les enfants s'en remettront ; lui, j'en doute.

- Si je vois les choses uniquement de mon point de vue à moi : par pitié, monsieur le Juge, vous pourriez dire non ?
Là, je respire unweekendsurdeuxlamoitiédesvacances. Si vous dites oui, on ne sera plus jamais un couple ; on sera un plein temps une famille recomposée. Et j'ai beau lire partout que c'estquedubonheur, ce sont deux notions très différentes.
Rien que le mot "famille" me fait entrer en transe. Oui, j'ai un vécu difficile, point de vue famille, et je n'ai jamais voulu d'enfants à cause de ça, donc ça me fait carrément flipper de devenir une famille. Je ne suis pas une mère, je ne veux pas être une mère.
Et puis. Il est où le petit nid d'amour qu'on devait justement se faire à la fin de cette année ? Il est encombré de Zig et Puce. Y'a des oisillons dans le nid, et j'ai une furieuse -mais maîtrisée- envie de jouer les Coucous en balançant les oeufs par-dessus bord.
 
Mais évidemment, je ne le ferai pas. Les enfants avant tout. D'abord, c'est ce que je pense, profondément. Ensuite, comme je l'ai déjà dit, j'étais bien consciente qu'un jour, peut être. Ce jour là est arrivé, je n'en suis pas heureuse, mais c'est sûrement pas ces deux petits qui vont payer. Ils n'ont pas demandé à venir au monde, surtout pas dans un couple qui se déchire et se hait. J'ai choppé assez de regards tristes, été témoin d'assez de plaintes, entendu assez de silence, pour ne pas les plaindre de tout mon coeur.

Alors j'attends, espérant un oui parce que je préfère leur bonheur au mien, et je m'efface un peu.

Moi, je pourrais toujours partir si ça se passe mal.
Pas eux. Enchaînés à vie à ces parents-là.

 

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Vendredi 11 juin 2010 à 0:59

Bonjour.

Je vis depuis plusieurs années une histoire d'amour qui m'a fait entrer dans le cercle très privé des nanas-d'un-mec-qui-a-déjà-des-enfants.
Les enfants en question (deux) vivent chez leur mère, pour l'instant, et pour nous c'est le célèbre unweekendsurdeuxlamoitiédesvacances.

Mais même sur le net, dans les endroits où on discute entre personnes concernées, je me sens seule : c'est ça qui a motivé la création de ce blog.

Ben oui, parce que j'ai beau être dans le même cas qu'elles, pas tout à fait.
Parce que moi je le vis pas aussi bien. Avec davantage de nuances, du moins.
"C'est la plus belle aventure de ma vie", ouais j'aimerais écrire ça, moi aussi, mais non, c'est loin d'être le meilleur truc que j'aie vécu.

Et c'est pas politiquement correct de dire que tu aimes beaucoup tes beaux-enfants, mais pas plus que ça. On te jette à la figure que tu sais pas ce que c'est que d'avoir des enfants, que t'as pas de coeur et que ça doit être infernal de vivre avec toi.

Ben oui, créer une famille recomposée, genre nous sommes tous une salade géante décomposée qui attendons d'être recomposée, c'est pas amusant tous les jours, on a pas les dents blanches comme dans les magasines.

Je suis une belle mère plus que comme il faut. Je fais ce que je peux, je cajole, je joue, je soigne, je bisoute, j'écoute, je discute. Et je m'écrase quand il le faut.
Mais non, je ne les aime pas "comme la chair de ma chair", comme je l'ai lu quelque part.
Je les aime bien, point. Et jusqu'ici, à part quelques instants suspendus dans le temps, je n'ai pas eu de raisons de me réjouir d'être une belle mère.
Non, c'est pas "que du bonheur" d'avoir dans ta vie deux gamins dont tu dois subir l'éducation parce que c'est mal vu que tu dises quoi que ce soit là dessus, mais en même temps que tu dois supporter. Même quand ils t'envoient leur assiette à la figure.
Non, ça donne pas "envie d'en avoir" du tout de devoir bercer dans tes bras ces deux gamins qui subissent leurs parents qui se déchirent, même que des fois on se demande qui est plus mature, les gosses ou eux. ça, c'est probablement ce qui donne le moins envie d'en faire à soi.
Et non, ça ne rend pas plus confiant dans la vie, les regards noirs de l'ex qui te connait pas, qui aurait pu être une copine dans une autre vie, mais qui te hait juste parce que tu portes sur ton front l'étiquette "La nouvelle copine de mon ex" ; la justice froide et rigide qui quantifie l'amour filial ; les gens qui soit ne vous donnent aucun crédit parce que vous n'avez aucun statut juridique ou soit qui vous prennent pour Maman numéro 2 parce que vous êtes amoureuse d'un père.
Oui, je suis amoureuse d'un père ; les enfants, c'était dans le packaging, en plus.

Je vous avais prévenus : pas politiquement correct.

Je sais, je l'ai voulu, on m'a pas caché qu'il avait procréé, mon jules. Les deux petites photos dans son porte feuille, je les ai vues tout de suite, c'est même moi qui ai demandé à les voir. J'ai jamais été contre.
Mais j'en ai marre de pas pouvoir me plaindre un peu, un tout petit peu, de ptits trucs du quotidien, sans entendre que je suis, en résumé, une pauvre égoïste incapable de distribuer un amour inconditionnel.
Je voulais pas d'enfants. La vie m'en a collé quand même ; je fais avec, parce que faire sans, c'est aussi faire sans leur père. 

Voici comment commence mon blog impolitiquement correct, pas joli-joli, mais plein d'amour, parce que c'est ça qui est à la base de tout finalement.
Je ne suis pas une mauvaise personne ; je revendique juste le droit d'être humaine. Et de brosser de la vie d'une belle mère un portrait plus en nuances.

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